L\'atmosphère à l\'Université de Ouagadougou

XIIIe rencontre interuniversitaire du REESAO : La gratuité de l’enseignement supérieur mise en cause!

Il se tient du 23 au 25 mars 2010, dans l’amphithéâtre 2iE, un séminaire sur les stratégies de financement de l’enseignement supérieur. Il a regroupé les recteurs et les présidents d’universités de la zone UEMOA dans le cadre du Réseau pour l’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest.

Prévu pour se tenir à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, il y a un mois, c’est finalement Ouagadougou qui accueille du 23 au 25 mars 2010, la treizième rencontre interuniversitaire.

Cela dans le cadre du Réseau pour l’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest (REESAO). Sous l’égide de la Fondation 2iE, des recteurs et des présidents d’universités de la zone UEMOA pourront discuter de l’avenir des universités africaines francophones autour du thème suivant : "Quelles stratégies de financement de l’enseignement supérieur ?".

A la cérémonie d’ouverture, présidée par le ministre des Enseignement secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, Joseph Paré, le président de la Fondation 2iE, Paul Giniès a reconnu que les universités croulent sous le nombre d’étudiants. "Malgré tout cela, l’université est gratuite et débouche sur le chômage", a-t-il ajouté. Une situation qui selon lui, engendre une perte énorme. "A la fois, l’Etat ou le contribuable met de la ressource publique qui va nulle part. Et les étudiants qui, après 5 ans, se retrouvent devant une impasse", a stigmatisé M. Giniès.

Il préconise de trouver un autre équilibre qui consiste à demander de l’argent à la ressource publique et aussi demander une contribution des étudiants. Cela en contrepartie d’une meilleure qualité de l’enseignement.

"En somme, une professionnalisation de l’enseignement pour qu’à la sortie, on en ait pour son argent et qu’en définitive, on trouve un emploi", a soutenu le président de la Fondation 2iE. Paul Giniès s’est réjoui de voir qu’une grande partie de la jeunesse africaine a envie d’étudier et de travailler sur le continent. Qualifiant de "Fédérateur", le thème de cette treizième rencontre, le président du REESAO, le Professeur Etienne Ehouan Ehilé, a indiqué que le mal des universités francophones est très profond.

Toutefois, M. Ehilé souligne que des solutions peuvent être envisagées. S’interrogeant sur les pagailles observées dans les universités francophones, le président du REESAO estime que cela est dû entre autres, à la gratuité de l’enseignement supérieur "pour les apprenants qui eux-mêmes payent dix à vingt fois plus cher pour scolariser leurs enfants à l’école maternelle".

Comment expliquer raisonnablement, que des parents d’étudiants supposés économiquement faibles, soient disposés à payer avec le sourire aux lèvres et la joie au cœur, 10 à 60 fois plus cher dans l’enseignement supérieur privé, au secondaire ou même à l’école maternelle et qu’ils deviennent totalement insolvables quand il s’agit des universités publiques ? Combien de grèves enregistre-t-on tous les 10 ans dans l’enseignement supérieur privé ? Quel respect et qu’elle considération peut-on logiquement accorder à ce que l’on ramasse par terre et dont on ignore le prix ?

Autant de questions posées par le Professeur Etienne Ehouan Ehilé auxquelles les participants à cette rencontre interuniversitaire de Ouagadougou, tenteront de trouver des réponses. Chiffres à l’appui, M. Ehilé indique que les statistiques montrent que dans les pays francophones d’Afrique, la participation des apprenants à leur formation ne représente que 1 à 5 % du budget des institutions, contre 30 à 60 % dans les pays anglophones de même niveau de vie. "Il y a donc à ce niveau, matière à de véritables et très sérieuses réflexions et même des débats responsables à mener", a-t-il prévenu.

Se réjouissant de la tenue de ces assises et de la pertinence du thème, le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, Joseph Paré, en a appelé à une prise de conscience. "Que chacun s’interroge et de ne pas se satisfaire de la situation actuelle", a-t-il conseillé. Il a ajouté que l’Etat burkinabè ne ménagera aucun effort dans la résolution des problèmes liés à l’enseignement supérieur.

Yves OUEDRAOGO / Sidwaya



25/03/2010
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