Université polytechnique de Bobo : Les étudiants dans la rue
Depuis le samedi 23 janvier 2010, un bras de fer oppose les étudiants de l'Université polytechnique de Bobo (UPB) aux autorités de l'institution. La crise, qui couvait depuis un certains temps, a pris une autre dimension hier mercredi avec l'entrée en application de la mesure de suspension des œuvres universitaires. Du coup, on assiste à une fermeture des restaurants pendant que les cités sont vidées de leurs occupants. Les étudiants sont contraints de plier bagages pour descendre dans les rues.
Hier dans la matinée, les étudiants de l'UPB ont été délogés de leurs résidences par les forces de l'ordre. Si bon nombre d'entre eux ne savaient où trouver refuge, d'autre, par contre, ont tout simplement choisi de rejoindre la Bourse du travail pour installer leurs pénates en attendant des jours meilleurs.
Vidées alors de leurs occupants, les résidences universitaires sont restées quadrillées par les forces de l'ordre durant toute la journée d'hier mercredi. A la cité de Sikasso Cira, la tension était perceptible avec des étudiants qui exigeaient la satisfaction totale de leurs doléances, qui se résument à trois points essentiels : d'abord, la restauration.
Sur ce plan, les pensionnaires de Nasso exigent des autorités universitaires un renforcement des capacités d'accueil. « Nous perdons trop de temps au restaurant. Un étudiant qui doit reprendre les cours à 15 heures alors qu'il doit attendre plus d'une heure au resto avant d'être servi, vous voyez qu'il n'a plus le temps de se reposer ou même de digérer. Pour beaucoup d'étudiants, c'est le retour à l'amphi juste après la restauration ; ce qui n'est pas normal », nous dit un groupe de protestataires, dont les revendications portent également sur les difficultés de transport. Selon leurs explications, le nombre de véhicules mis à la disposition de l'UPB est insuffisant, et ils sont souvent plus d'une centaine à embarquer dans un car de 70 places.
Une autre préoccupation, et pas des moindres, qui taraude l'esprit des universitaires de Bobo-Dioulasso concerne cette fois les capacités d'accueil des amphis, jugées insuffisantes. Certains étudiants dénoncent les conditions difficiles de travail à Nasso avec ces salles multigrades regroupant des étudiants de première et de deuxième année. Bref.
Les problèmes sont nombreux à l'UPB, où les étudiants ont toujours manifesté pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Et depuis le vendredi 22 janvier dernier, on assiste de nouveau à des mouvements de protestation qui ont entraîné un arrêt total des cours.
Seront-ils entendus par les autorités universitaires ? Rien n'est moins sûr, même si, déjà au Centre régional des œuvres universitaires de Bobo (CROUB), on semble véritablement conscient de la légitimité des multiples revendications sauf que la méthode utilisée n'est toujours pas appropriée au dire des responsables des œuvres universitaires.
Et dans l'entretien qu'il nous a accordé dans son bureau, le directeur régional dudit centre, Gilbert Sanou, est revenu sur les revendications avant de s'étaler sur les nombreux efforts déployés par les autorités pour répondre aux préoccupations des étudiants.
Concernant la restauration, par exemple, une chaîne supplémentaire sera bientôt fonctionnelle après les travaux d'aménagement, qui sont en cours d'exécution. Parlant du transport, il ressort que les problèmes liés à l'insuffisance des bus résultent surtout de la brusque rupture de contrat avec la compagnie de transport SOGEBAF.
Mais Gilbert Sanou tient à assurer que des commandes fermes ont été passées pour l'acquisition de nouveaux cars au cours de cette année 2010. Le moins que l'on puisse dire est qu'au niveau de l'université de Bobo, les problèmes sont bien réels, mais qu'il est reproché à certains étudiants d'utiliser les méthodes fascistes et anarchistes susceptibiles de compromettre l'avenir des autres camarades ; car a dit le directeur régional du CNOU, « Nous sommes effectivement conscients de leurs revendications. Mais que les universitaires sachent qu'on ne peut pas tout résoudre en un coup de baguette magique. L'Etat est en train de faire des efforts, et j'en appelle au bon sens et au civisme des étudiants pour que la situation se normalise. Nous avons pris cette mesure de fermeture des cités pour empêcher certains étudiants, que je qualifie de pyromanes, de profiter de cette situation pour envenimer la crise ».
A quand alors la reprise des œuvres universitaires et des activités académiques ? La réponse à cette question dépendra des conclusions de la rencontre prévue ce jeudi à Nasso et qui regroupera les responsables des associations estudiantines, la présidence de l'UPB et le CROUB.
Jonas Apollinaire Kaboré/ L'Observateur Paalga
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