DES EXPLICATIONS CLAIRES DES ETUDIANTS DE L’UFR SDS
Lors de la
manifestation des étudiants de l’UFR SDS le 04 avril 2008, Baba Hama, Directeur
de cabinet du Ministre Yoda de la Santé, était venu à leur rencontre pour
recevoir des mains du délégué de la corporation ANEB de la SDS le listing de
leurs revendications. Il avait ensuite fait la promesse de prendre le taureau
par les cornes dans les plus brefs délais pour résoudre leurs problèmes. Ne
sentant pas les choses avancer du côté du gouvernement, les étudiants
remettront ça le 25 avril dernier par un autre sit-in mémorable.
Les
autorités ont fait comprendre qu’il était difficile d’ouvrir deux concours dans
la même année pour raisons budgétaires et pour raisons académique et technique
(disponibilité des professeurs correcteurs...) mais ils ont proposé la mise sur
pied d’une commission pour plancher autour du statut de l’étudiant et des
indemnités de stage.
Vont-ils ou
non aller à cette commission ? Ont-ils par ailleurs d’autres perspectives ? A
l’Université de Ouagadougou, voici ce que pense ou plutôt dit Monsieur Bonzi
Juste, étudiant en quatrième année de médecine. Il n’y va pas mollo. Lisez
plutôt.
Merci. Il faut dire que la lutte de l’UFR SDS remonte au 06 novembre 2006 lorsqu’en assemblée générale, la direction de la corporation ANEB de l’UFR SDS ayant constaté qu’il y a un certain nombre de problèmes qui viennent compromettre des acquis, a adopté une plate forme en quatre points.
La
remise des copies
Le premier point concernait la remise des copies. Il faut dire qu’il y a un
arrêté du 2 mai 2005 qui exige qu’à la fin des évaluations, les copies soient
remises aux étudiants. Cela pour permettre aux étudiants de formuler des
réclamations aux cas où il y a des erreurs dans leurs notations. Nous avons
remarqué à ce niveau que les autorités de l’UFR SDS n’avaient pas la volonté
manifeste de nous remettre ces copies.
La
réouverture du concours d’internat
Le deuxième point de la revendication est celui de la réouverture du concours
d’internat. C’est un concours qui est organisé à partir de la 6e année de
médecine et à partir de la 5e année de pharmacie qui permet à ces étudiants de
postuler à une carrière hospitalo-universitaire. Cela voudrait dire que ces
derniers après leurs études peuvent revenir enseigner au sein de l’UFR SDS.
Vous n’êtes pas sans savoir qu’au niveau de l’UFR SDS et de l’université tout
entière il y a un manque crucial d’enseignants. Mais ce qui s’est passé en 2006
est édifiant : on s’est rendu compte à cette époque que la direction de l’UFR
SDS avec le ministère de la Santé ont programmé le concours d’internat et ont
pris le soin de clôturer le dépôt des dossiers du concours d’internat avant que
les sixièmes années de médecine et les cinquièmes de pharmacie n’aient bouclés
leur année académique. La direction de la corporation a estimé que cela était
contre tout bon sens parce qu’on ne peut pas organiser un concours où les
potentiels candidats ne sont pas disponibles. Il fallait donc que le concours
d’internat tienne compte des spécificités de l’année académique. Il y a
tellement de remous qui font souvent qu’à l’université on n’arrive pas à
terminer l’année au mois de juillet. Donc le ministère devait tenir compte des
variations de temps au niveau de l’année académique. La direction de l’UFR n’a
pas voulu l’entendre de cette oreille et le ministère de la Santé avec. Ils ont
tenté de faire un passage en force en voulant organiser le concours d’internant
et ce qu’il faut dire c’est qu’au finish, sur trente personnes réclamées en
médecine, il y a eu 14 candidats et sur dix en pharmacie il y a eu cinq ou
quatre candidats si ma mémoire est bonne. Vous voyez bien qu’il y a quelque
chose qui ne va pas et c’est ce qui a entraîné un boycott de ce concours. On
s’attendait à ce que le ministère revienne à de meilleurs sentiments, mais on
s’est rendu compte plus tard qu’il voulait organiser ce concours
clandestinement le 26 décembre au niveau de la cour de la « Trypano ». Ils ont
adressé des courriers confidentiels aux candidats pour qu’ils viennent
composer. Pour cette deuxième fois aussi, le concours a été boycotté. Pour être
précis, le problème qui se pose à notre niveau aujourd’hui c’est la réouverture
de ce concours d’internat 2006/2007 afin de permettre à ceux qui n’avaient pas
pu déposer leurs candidatures de pouvoir le faire et prendre part au concours
et deuxièmement que le ministère puisse amarrer le programme de dépôt des
dossiers académiques à l’année académique au niveau de l’UFR SDS.
Stages
en question
Il y a aussi le problème des stages où nous avons trois catégories de
stagiaires. Il y a les stagiaires externes, les stagiaires internés et les
internes des hôpitaux qui ont fait le concours dont je parlais et qui postulent
pour une carrière hospitalo-universitaire. Il faut reconnaître que depuis la
conversion de l’hôpital en centre hospitalier universitaire et depuis que la
faculté de médecine est devenue une unité de formation et de recherche, il n’a
pas été du tout fait cas de créer un statut pour ces trois catégories de
stagiaires. Ce que fait que les étudiants font leur stage dans un tohu-bohu
total. Ils sont victimes de l’arbitraire de la part d’un certain nombre
d’enseignants qui à chaque moment improvisent des situations et appliquent des
mesures sans fondement juridique. Depuis 1999-2000, la direction de la
corporation ANEB réclame l’élaboration de textes clairs sur cette question
précise des étudiants.
La
codification et de l’échelonnement des stages
Les étudiants estiment là qu’il faut augmenter les indemnités de stage,
réclamation qui tarde depuis 1999. Il s’agit de ramener ces indemnités à
25.000F en 4e année de médecine et pharmacie, 30.000 en 5e de médecine et de
pharmacie, 35.000 en 6e de médecine et pharmacie.
Le statut des étudiants en 7e année de médecine est important à souligner ici.
Eux ils bénéficient de 50.000F, et cela depuis 1987, depuis donc la première
promotion des stagiaires internés de la faculté des sciences de la santé. Nous
pensons que quelque chose ne va pas surtout avec la dégradation générale des
conditions de vie et de la tâche qui leur est attribuée de nos jours au sein de
nos unités sanitaires. Le matériel médical que ceux-ci utilisent est à leur
frais. La préparation de leurs documents de thèse est à leurs propres frais.
L’ensemble des étudiants de cette UFR réclame donc que ces derniers aient
75.000F.
La vaccination et les
dérogations
S’agissant de la question de la vaccination (c’est le premier point connexe de
nos revendications), le ministère de la Santé ne sert pas ces vaccinations aux
étudiants pendant qu’ils sont exposés dans les centres de santé. L’OMS même
réclame que le personnel hospitalier soit vacciné contre certaines maladies
hautement contagieuses. Nous réclamons donc ces vaccins pour cette année et
pour les années à venir. Le second point connexe est celui de la dérogation.
Des
attitudes des gouvernants
Au niveau des autorités, les attitudes n’ont pas varié d’un pouce. Il s’agit de
passer par le mépris, par le dilatoire, de ne pas convoquer les étudiants à une
discussion franche, passer le temps à tourner les étudiants en bourrique…
En dehors de la question de la remise des copies qui a été résolue et qui a permis
à certains étudiants de faire des réclamations sur des notes malencontreuses,
les autres questions restent en suspens et devraient être tranchées par le
ministère de la Santé. Le ministre, lui, dans son dernier entretien a
d’ailleurs essayé une comparaison fallacieuse entre les étudiants de médecine
de Ouagadougou et ceux des autres pays de la sous région. Nous pensons que s’il
faut faire des comparaisons, il faut aller jusqu’au bout. Dans les autres pays,
il y a bien plus d’avantages. Dans les autres pays, 80% des étudiants
bénéficient du logement étudiant et ceux de la médecine n’ont pas à leur charge
le matériel médical. Dans certains pays les universités ont leurs CHU pendant
qu’ici il faut faire des va-et-vient entre le CHU et la Fac... En terme donc de
comparaison et par rapport à ce que nous demandons, je pense que nous ne
réclamons pas le ciel et la terre.
Les
perspectives
Les étudiants au cours de leur dernière assemblée générale ont décidé d’aller à
la commission parce que leur compréhension de la commission, c’est qu’elle est
consensuelle et doit réunir un certain nombre d’aspects. Il s’agit donc de
discuter et de s’entendre sur un certain nombre de choses. Les questions dont
nous avons parlé tantôt seront donc abordées et sans complaisance. Et si
toutefois nos représentants se rendent compte que la commission ne fonctionne
pas comme il se faut, ils tireront les conséquences. Aller à la commission ne
suppose pas que les autres points de la plate forme seront occultés. Nous
prendrons nos dispositions pour continuer la lutte pour ce qui les concerne.
Nous avons donc repris les cours et nous irons à la commission pour mener la
lutte.
Un
appel aux étudiants
Je lance un appel aux étudiants d’avoir foi en la lutte qu’ils mènent, car
c’est une lutte d’espoir. Je leur demande de rester mobilisés pour la
résolution de nos problèmes. A toutes les composantes de la communauté
universitaire, qu’ils fassent prévaloir le bon sens et qu’ils comprennent que
les problèmes qui se posent à nous aujourd’hui sont des problèmes qui se posent
à toute la nation.
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