L’année académique a pris fin ce 31 juillet 2010 au Burkina Faso. Enseignants et étudiants sont donc en vacance. C’est à cet effet que les restaurants universitaires (RU) sont fermés, jusqu’à la rentrée prochaine, provoquant l’angoisse récurrente en cette période, chez les résidents des cités universitaires et de tous les usagers des RU.
N’étant plus en mesure de manger au prix subventionné par l’Etat, de 100f CFA le plat, et ne disposant pas d’un budget leur permettant de se payer un repas dans d’autres restaurants ( entre 300 et 600 francs CFA le plat), ces étudiants tirent simplement le diable par la queue. Ils sont confrontés à tous les problèmes du monde. Certains d’entre eux arrivent à se regrouper en « petites familles » de 4 ou 5 et cotisant pour pouvoir gérer la popote. Ce qui n’est pas toujours évident. Car, disent-ils, il faut ajouter l’argent du gaz. D’autres, avec leurs maigres économies, arrivent à manger dans les restaurants de la rue, mais ne peuvent se permettre ce luxe qu’une fois par jour, cherté du repas oblige. « Nous ne sommes pas des fonctionnaires pour dépenser 1000 francs CFA par jour », laisse entendre Oumarou. Une situation difficile qui fait même de certaines étudiantes, des proies faciles pour les hommes.
« Je suis obligée de sortir avec des hommes que je n’aime même pas, pour pouvoir subvenir à mes besoins », se désole E.O. « Cela me fait mal, mais je fais comment », murmure-t-elle, dépitée. A l’image de cette dernière, nombre d’étudiantes font le trottoir, ou s’adonnent à la prostitution déguisée, comme par exemple, avoir beaucoup de petits amis en même temps, pour subvenir à leurs besoins. Une situation de précarité qui pousse A.S, à appeler les autorités à venir en aide aux étudiants. « Nous sommes fatigués de survivre ainsi », conclue-t-il. Son co-chambrier, Antoine lui, se demande si les futurs cadres du Burkina ne vont pas tomber malades, avant la réouverture des RU. « Nous mangeons du n’importe quoi dehors », rugit-il. Il faut noter que déjà, au mois d’avril dernier, les files étaient très longues devant les restaurants universitaires et qu’il fallait souvent bander des muscles pour arriver à se faire servir.
Ndiaga Thiam/Fasozine