CITÉS UNIVERSITAIRES DE KOUDOUGOU: Les gourous chassent la nuit à Fasotex
Nous sommes samedi soir dans la cité Fasotex que l’on a vite fait de surnommer Guantanamo. Là-bas, la nuit surtout, personne n’a le temps. L’on se précipite sous la douche puis sur ses valises et enfin le cap est mis sur le parking qui se vide aussitôt de ses engins. Il est maintenant 22 heures et c’est le moment opportun pour les véhicules à fonds rouges et blancs de pénétrer la cité et de la sillonner avant de stationner devant l’une des dix villas de filles. Desdites villas, sortent alors des formes gracieuses. Après quelques paroles échangées, les portières claquent et sous les regards inquisiteurs ou envieux des garçons et filles restés là, nos inconnus rejoignent la ville où le show bat déjà son plein. Mais qui sont ses noctambules et comment expliquer ses visites à des heures indues ? « Un jour j’étais en train de bosser juste derrière la cité quand soudain je vis un véhicule 4x4 freiner près de moi. J’ai d’abord pensé que le monsieur était en quête de renseignements.
Mais après salutations et discussions, il m’a fait savoir ses intentions. Je crois qu’il m’a persuadé et je lui ai donné le numéro de ma villa. D’ailleurs, je n’étais pas la première à le faire d’autant plus qu’il me paraissait sérieux. C’est ainsi qu’il est venu me chercher le samedi vers 22h30 ». Voici ce que nous a confié une résidente de « Guantanamo » après nous avoir fait promettre l’anonymat absolu.
Ainsi au regard des véhicules de services et des témoignages fournis, il ressort sans nul doute qu’il s’agit de fonctionnaires, de directeurs généraux et régionaux de la place, de commerçants et de travailleurs pour la plupart bien nantis, qui sont en quête de chair fraîche. A la question de savoir les raisons d’un tel phénomène, une résidente répond également dans l’anonymat : « C’est le donnant-donnant, autrement dit, tu me satisfais et je te satisfais. Il y a ce qu’on appelle aussi la prostitution classique c’est-à-dire sortir avec les grands types de la place». On peut donc comprendre l’avis de Sourabie Abdoul Sidiki, étudiant en SEG 2, qui pense que « pour beaucoup de filles, se faire chérir par un gourou qui vous conduit en véhicule et jusqu’en cité est un véritable prestige ». De ce fait, l’hypothèse d’une visite des parents est écartée quand on sait que ces derniers s’abstiennent des visites à des heures tardives, d’ailleurs interdites par le règlement intérieur des cités. Par ailleurs, si pour certains, ces agissements sont fort blâmables, pour d’autres en revanche, il n’y a rien de plus normal en raison de la liberté de chacun et du besoin de distraction. Il va sans dire que ce phénomène a beaucoup d’impacts sur les filles ; qu’elles soient directement concernées ou non. Pour les premières, c’est une réputation sapée, une année académique hypothéquée et des risques d’infections encourus.
Pour les secondes, on relève les conséquences fâcheuses des influences négatives et les jalousies susceptibles de brouiller les relations interpersonnelles. Ceux qui pensent que la cité change négativement le comportement de ses résidents et tout particulièrement des filles, n’ont donc pas forcément tort. La cité Fasotex n’est pas la seule cité féminisée de Koudougou, cependant sa réputation commence à traverser les frontières.
Hilaire Sampébégo & Diané Badiané/L'Eveil-Education
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