Tandis que dans certaines filières, les étudiants composent pour la session de rattrapage appelé "session de septembre", dans d’autres filières, les étudiants n’ont pas encore fini avec les devoirs de la première session appelée "session de juin". Créée en 1974, l’Université de Ouagadougou "Université mère du Burkina" est régulièrement secouée depuis les années 90 par des grèves qui minent le bon déroulement des cours et perturbent les calendriers académiques. La crise a culminé avec l’invalidation de l’année 1999-2000. Aux mouvements d’humeurs des étudiants, s’est ajouté celui des enseignants en 2009 qui a paralysé le système.
Grâce aux négociations et aux concessions du gouvernement aussi bien que des syndicats d’enseignants-chercheurs, la situation a pu être sauvée à la satisfaction de tous. Certes, des revendications subsistent mais des efforts ont été consentis dans l’amélioration des conditions de vie d’études et de travail des étudiants et des enseignants-chercheurs. Constructions d’infrastructures, octroie de dérogations, bourses, et aides supplémentaires, réduction de la dette sociale, renforcement de la sécurité, respect des franchises universitaires... De 374 étudiants en 1974, le campus de Zogona accueille actuellement plus de 20 000 étudiants.
La croissance du nombre de bacheliers a conduit à la création de l’Université Ouaga II dont les bâtiments sont en chantier. De mémoire d’étudiants actuels, il n’y a pas encore eu d’année académique sans retard à l’Université de Ouagadougou (UO). On assiste à des années académiques "prolongées", à cheval sur trois ans. Par exemple celle débutée en 2009 n’est pas encore achevée alors que 2011 pointe à l’horizon.
Pour pallier ces perturbations, des "sacrifices" sont chaque fois demandés au monde universitaire et cela n’est pas sans conséquences. Le manque de congés, les cours intensifs sont des facteurs de surmenage. Des étudiants à défaut de composer et d’avoir leurs diplômes aux dates prévues, ne peuvent pas postuler à des bourses internationales ou poursuivre leurs études à l’extérieur.
Les travaux des enseignants-chercheurs prennent également un coup, surtout quand on sait qu’ils sont soumis aux règles du CAMES. Les nouveaux bacheliers de cette année qui ont obtenu leur parchemin en juillet et qui postulent à l’UO sont au “chômage” et ne savent pas à quelle date ils mettront le pied dans l’amphithéâtre. Combien de temps vont-ils se tourner les pouces ? Certains risquent de perdre des notions pendant que des camarades vont prendre le chemin d’autres universités privées au Burkina où l’extérieur.
A quand des années académiques normales à l’UO avec des cours qui débuteront en octobre et qui finiront en juin, avec une session de rattrapage en septembre ? Pourquoi pas les mêmes calendriers académiques dans les Universités de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou... ? Déjà, on peut relever l’effort d’organiser le 26 mars dernier à l’UO, la première rentrée solennelle des universités publiques. Cette cérémonie ne doit pas être un "feu de paille" mais bien une amorce vers un fonctionnement harmonisé des "temples du savoir". Il n’est pas interdit de revendiquer, au contraire cela permet souvent de mettre le doigt sur des problèmes réels et d’obtenir de meilleures conditions.
Aussi, l’université est le lieu du débat contradictoire et des discussions pour le progrès de la société humaine. Mais ces revendications et discussions doivent s’inscrire dans des normes. Chaque acteur doit savoir raison garder en jouant son rôle pour ne pas compromettre l’avenir de générations d’étudiants et même d’enseignants. 2010 est une année électorale et certains activistes montent au créneau pour se faire entendre. Cependant, il ne faut pas aggraver le retard déjà constaté dans le déroulement des activités académiques au campus de Zogona. Au moment où étudiants, enseignants et administration conjuguent leurs efforts pour passer à une nouvelle année, il faut plutôt aider à sortir de l’ornière et à prendre le cap des années académiques normales.
Bachirou NANA/Sidwaya