L\'atmosphère à l\'Université de Ouagadougou

Université de Ouagadougou: Blanchir l’année ou réquisitionner encore les enseignants

«J’ai donné des instructions au Ministre des enseignements secondaire et supérieur afin qu’il mette tout en œuvre pour rattraper le retard dans deux ans au plus tard.» Comment, excellence monsieur le Premier ministre, si dès maintenant vous n’ouvrez pas des discussions franches avec les différents partenaires du système universitaire ? En vérité, le calme plat qu’on observe à l’Université de Ouagadougou est loin d’être synonyme de sérénité ou d’absence de problèmes. Cette situation cache mal la réalité de ces milliers de bacheliers qui attendent de faire leur premières armes intellectuelles à l’université, de ces milliers d’étudiants qui attendent toujours les résultats de la seconde session d’examen ; ladite session vient juste d’avoir lieu et les enseignants peinent à corriger naturellement les milliers de copies par matière. Ces copies, ils les avaient abandonnées après votre décision de supprimer sans autre forme de procès les prétendus per diem des fonctionnaires.  


Vous ne l’ignorez pas, nous sommes en mai : les mois d’août et de septembre sont consacrés aux  vacances des enseignants-chercheurs. En fait, c’est dans deux mois ; entre temps la plupart d’entre eux seront mobilisés pour l’examen du Baccalauréat. En juillet. Le compte à rebours a donc commencé et commande des décisions courageuses qui sans doute feront mal. De deux choses l’une : si vous tenez vraiment en deux ans au plus tard à normaliser les années universitaires dans notre pays, il faut entamer dès à présent des démarches pour négocier encore un sacrifice aux enseignants. Sachez, excellence, que ce n’est pas du tout gagné.

 

L’argument qui consiste à dire qu’il leur sera versé un mois de salaire en compensation ne convainc pour deux raisons : d’abord, ils sont nombreux à dire publiquement qu’ils ne céderont plus un seul mois de leurs vacances pour rien au monde. Ces derniers tiennent à leurs vacances pour se reposer et se réparer au regard de ce qu’ils sont obligés d’endurer au cours de l’année académique, surtout quand elle est traumatisée. La deuxième raison est liée à ce que les autres partenaires ont fait après le mois de sacrifice consenti l’an dernier… Vous aurez du mal à convaincre la communauté des enseignants par le seul argument de l’argent. 


Il faut arriver à un motus vivendi  avec tous les partenaires : étudiants, enseignants, agents techniques, ouvriers et de soutien, parents d’étudiants, administratifs, Etat, partenaires techniques et financiers. Il faut que tous soient à l’origine de ce sursaut salvateur pour que dans deux ans, l’Université burkinabé retombe sur ses deux pieds. Parmi les choses qu’il va falloir régler avant même de venir avec des gants à l’U.O, ce sont les promesses de votre prédécesseur. Il faut en faire un inventaire sérieux, mettre en  œuvre la plupart d’entre elles, avant. De ces promesses, les enseignants ont en mémoire leurs bureaux : mani militari, on a expulsé les étudiants pour ériger leur cité en bureaux pour enseignants. Le marché a été doublement passé, point de bureaux. Ouaga II reste virtuelle et même hypothétique : il semble que le rêve manquait de réalisme. Il faut pourtant régler cette affaire puisque le SIAO réclame ses pavillons, étant entendu que sa prochaine édition est pour octobre. Vous avez sans doute eu vent de ces parcelles promises aux enseignants. Il leur reste que le douloureux souvenir…

Tout n’est pas perdu. Si tout cela coûte cher à l’Etat en cette période de disette, il reste un espoir : déclarer l’année blanche, ou invalide, c’est selon, la fermer et la rouvrir en 2013 ou 2014. Au moins là, on est sûr de commencer à bonne date. Vous pensez aux conséquences individuelles ou collectives, n’y pensez plus : faites comme le poète qui était convaincu que « là où est le danger, croît aussi ce qui sauve.» D’autres universités de la sous-région en ont fait l’expérience. On peut essayer ou affronter courageusement les problèmes à temps. 

 

Nékilbié Bâ



18/05/2012
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