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Grève des enseignants vacataires de Bobo : Le dénouement avec la victoire des syndicats

Enfin, un consensus a été trouvé à la crise qui secoue depuis le 17 octobre le milieu des établissements secondaires privés. Augmentation du taux horaire de vacation, diminution des effectifs pléthoriques dans les classes, tels étaient les deux points essentiels de revendication qui ont eu satisfaction. Autre dossier brulant tranché par la même occasion, celui des étudiants recalés de l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé.

 

Arrivé dans la soirée du jeudi 3 novembre pour écouter les deux parties, Albert Ouédraogo, le ministre des Enseignements secondaire et supérieur (MESS) les a rencontrés le lendemain vendredi dans la salle de réunion du gouvernorat. C’est après 10 heures d’horloge (9h à 19h) de négociations, que les fondateurs se sont pliés à la demande des syndicats.

« A compter du 1er octobre 2011, les établissements ayant une scolarité entre 50 000 F CFA et 75 000 F s’engagent à payer 2 500 F l’heure de vacation aux professeurs de collège et assimilés et 2 700 F l’heure de vacation aux professeurs des lycées et collèges et assimilés. Ceux ayant une scolarité supérieure à 75 000 F auront à payer 2 700 F l’heure de vacation aux professeurs de collèges et assimilés et 3000F l’heure de vacation aux professeurs des lycées et collèges et assimilés. A partir de 2012, les premiers cités devront payer 2 800 F l’heure de vacation aux professeurs de collèges et assimilés et 3 000 F l’heure pour les professeurs des lycées et collèges et assimilés. Ceux dont la scolarité excèdent 75000F, devront payer aux professeurs des classes de 6e à la troisième, 3 300 F l’heure de vacation et 3 500 F aux professeurs des classes de la seconde à la terminale. Les cours perdus à la faveur de la crise seront rattrapés et payés dans toutes les classes et dans tous les établissements. Aucun enseignant ne subira de représailles du fait de cette crise ». Voici là, le protocole d’accord signé vendredi soir entre les deux groupes de protagonistes (fondateurs et enseignants vacataires).

Le protocole a été signé par le Syndicat national des enseignants du secondaire et supérieur (SNESS), la Fédération des Syndicats national de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER), l’Union nationale des établissements d’enseignement privé-laïc (UNEEP-L) et l’Union nationale des établissements secondaire catholique (UNESC). Les cours reprendront donc demain mardi 8 novembre 2011 dans tous les établissements de Bobo-Dioulasso.

En effet, le dossier remonte à avril où dans une lettre adressée aux fondateurs des établissements secondaires privés de la ville de Bobo-Dioulasso, le syndicat des enseignants demandait une hausse du taux horaire. Ayant fait fi de la première lettre, une autre leur parviendra en septembre dernier. Toujours le mutisme. Les enseignants vont alors passer à la vitesse supérieure en déposant la craie. Et ce, pendant deux semaines. Le reste, on le connait. Les élèves des dits établissements s’en prendront à leurs fondateurs en posant des actes de vandalisme sur les édifices, et même à leurs domiciles. Le 20 octobre, ceux du public vont aussi rentrer dans la danse, histoire de soutenir leurs camarades du privé. Au regard de la situation qui se dégradait de plus en plus, des fondateurs ont dû accepter les revendications des syndicats.

 

La crise est financière, sa solution ne peut être que financière

Le ministre des Enseignements secondaire et supérieur, Albert Ouédraogo en mission à Paris a dû rentrer précipitamment. D’emblée, il a, au nom du gouvernement traduit toute sa compassion aux victimes de la crise et remercié tous les acteurs qui ont travaillé à sa résolution. « Cette situation incombe à tout le monde, aussi bien l’Etat, les parents d’élèves, les élèves (...) », a reconnu le responsable du département en charge de l’enseignement secondaire. Au regard de sa nature financière, Albert Ouédraogo a soutenu que sa solution ne peut être aussi que financière. Il a alors invité les deux parties à examiner la crise avec la bonne foi de trouver une issue favorable pour le bonheur de tous. Ce qui a été fait après une longue discussion.

Si certains fondateurs ont estimé qu’il s’est agi de terrorisme intellectuel de la part des enseignants, d’autres ont loué la démarche des syndicats qui ont toujours privilégié le dialogue. « Nous sommes conscients des réalités, c’est d’ailleurs pourquoi nous avons toujours voulu dialoguer avec les fondateurs », confiait Aurélien Hien, SG du SNESS. Les enseignants, à les entendre, ont toujours accompagné les fondateurs en acceptant des salaires dérisoires. L’idéal serait même, selon eux, de revoir le système éducatif pour éviter ces genres de situations.

Notons qu’aucune proposition n’a été faite par rapport à l’effectif pléthorique dans les classes. A la question donc de savoir pourquoi ce point n’a pu être débattu, aucune réponse exacte donnée. Considérant comme « un acte citoyen, la signature du protocole d’accord », Albert Ouédraogo a vivement remercié les deux parties pour leur sens élevé de compréhension. « Travaillons à ce que le métier d’éducateur soit une boussole », leur a-t-il proposé.

 

Ils vont redoubler, s’ils veulent rester à l’INSSA

Albert Ouédraogo a saisi l’occasion de cette résolution de crise pour également mettre fin aux divergences qui existent au sein de l’Institut des sciences de la santé (INSSA). A son avis, au regard du plateau qui s’offre à l’Hôpital Sanou Souro, les enseignants ont du mal à encadrer plus de trente étudiants. Il poursuit que « devant toute la mobilisation qui s’est faite autour de cette question, devant la détermination des encadreurs, l’on reste convaincu que l’enseignement et la formation des médecins sont inéluctables. Mais si à un moment donné, des étudiants veulent jouer au maître, en tout cas, ils peuvent passer en deuxième année et faire dix ans en deuxième année. C’est pourquoi, nous avons décidé que la délibération du jury de l’institut de santé demeure en l’état. Les trente étudiants, bien qu’ayant eu la moyenne, ne sont pas autorisés à aller en classe supérieure. Alors, s’ils veulent rester à l’INSSA, ils doivent s’en tenir à cette décision. S’ils veulent cependant changer de filière, ou aller dans d’autres régions, ce serait des dossiers qui seront traités au cas par cas ». Voilà donc ce qui est arrêté de commun accord, dans l’intérêt de l’institution, et celui des étudiants, selon Albert Ouédraogo.

 

Bassératou KINDO



08/11/2011
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