L\'atmosphère à l\'Université de Ouagadougou

FERMETURE DES UNIVERSITES : Sur les traces des étudiants délogés

Le 14 mars dernier le gouvernement burkinabè prenait la décision de fermer toutes les universités publiques et de suspendre les oeuvres sociales. Cela suite aux manifestations des étudiants à Ouagadougou pour réclamer vérité et justice pour Justin L. Zongo. Cette situation a causé un préjudice énorme aux étudiants, disent-ils. Ainsi, ces derniers se voient priver des oeuvres sociales comme le restaurant universitaire, les cités universitaires et les allocations financières. Démunis de tout moyen pour se prendre en charge, certains étudiants ont trouvé refuge auprès de camarades étudiants, d’amis ou de proches parents. Les moins chanceux sont retournés au village ou sont hébergés par de bonnes volontés. Constat fait le lundi 21 mars 2011 à l’université de Ouagadougou.

Suite à la dernière manifestation des étudiants pour réclamer vérité et justice sur la mort de l’élève Justin L. Zongo, le gouvernement burkinabè a décidé de fermer toutes les universités publiques. Cette situation a entraîné la cessation momentanée de toutes les oeuvres sociales au sein des campus universitaires du Burkina. Les moins chanceux des étudiants se retrouvent aujourd’hui dans une situation qu’ils qualifient de pénible et de triste. Nous les avons rencontrés dans la matinée du lundi 21 mars 2011 à l’université de Ouagadougou.

Faute de moyens financiers des étudiants sont rentrés au village

Cheick Alexandre Kaboré, étudiant en 2e année de sociologie, déplore la fermeture des universités. Selon lui, cette situation déstabilise les étudiants qui n’arrivent plus à manger au restaurant universitaire encore moins à payer leurs loyers. Mais pour lui, le plus grand danger c’est que beaucoup d’étudiants sont contraints de se faire loger par des personnes qu’ils ne connaissent pas. La situation est jugée lamentable pour les filles car ces dernières se retrouvent dans la rue et sont ainsi livrées à la dépravation. Jérôme Natama, étudiant en 4e année de lettres modernes, a confié avoir vu beaucoup de ses camarades contraints de repartir au village faute de moyens financiers pour se prendre en charge à Ouagadougou.

Jérôme Natama s’est exprimé en ces termes : "100 francs de nourriture au restaurant universitaire n’a pas la même quantité que dans les restaurants de la ville". Ce dernier a fustigé le comportement de l’Etat qui a fermé les universités. Pour lui, la solution ne consiste pas à fermer, car dira-t-il, il n’est pas exclut que les protestations reprennent dès la réouverture des classes. En cela, il déplore la non-concertation des autorités avec les étudiants, et demande l’instauration d’un dialogue franc et sincère pour permettre la réouverture des universités. Il poursuit en demandant que le campus puisse s’ouvrir dans les plus brefs délais.

Il ajoute que les étudiants sont les futurs responsables de ce pays et brimer leurs droits n’est pas la solution. Il avance que les dirigeants actuels ne seront pas au pouvoir éternellement. Par conséquent, ils doivent permettre la liberté d’expression. Sa voisine d’à côté Wendin-Yolsdé Nana estime que fermer le campus n’est pas la solution, que cela ne fait que compliquer la situation. Pour elle, la situation est très délétère en ce moment au campus car les étudiants sont angoissés et beaucoup sont abandonnés à eux-mêmes.

Elle ajoutera qu’aujourd’hui des étudiants sont obligés de faire des travaux pénibles ou quémander pour subvenir à leur besoin. "Face à cette situation, la solidarité est de mise entre nous camarades étudiants, nous partageons le peu avec tout le monde en attendant la réouverture du campus", a laissé entendre Bourkanoré Dolo Marc, étudiant en première année, venu de la Côte d’Ivoire, et qui vit actuellement en location avec d’autres étudiants. Abdoulaye Séry, étudiant en 4e année à l’UFR/SEG, dit avoir été un témoin occulaire du départ des étudiants du campus. Il aurait vu des étudiants qui, n’ayant pas de parents à Ouaga ou ne sachant pas où aller, sont rentrés directement au village alors que d’autres ont été hébergés par des camarades.

Lui, également déplore la fermeture des restaurants et des cités universitaires qui amène les étudiants à manger dans les "gargotes". Pour lui, il n’y a pas de doute que cette situation perturbera les activités académiques.

Eviter à tout prix une année blanche

Si tous nos intervenants reconnaissent la légitimité de la manifestation pour réclamer vérité et justice, certains d’entre eux estiment qu’il est temps de faire place au dialogue afin d’éviter, à tout prix, une année blanche. A l’image de Abdoulaye Séry, étudiant en 4e année d’économie, qui demande à l’ANEB de revenir à de meilleurs sentiments pour permettre la poursuite des cours. A son avis, les casses ne sont pas la solution. Un avis partagé par Roselyne Kaboré, étudiante en 2e année de secrétariat bureautique à l’IBAM. Elle demande la réouverture des universités car, dira-t-elle, cela évitera la perte d’une année académique.

En cela, elle interpelle le gouvernement au dialogue avec les étudiants. "C’est vrai que, nous aussi, on est allé trop loin avec les casses mais la solution n’est pas de fermer les classes. Franchement cela nous met en retard", a souligné Marie Marguerite Ouédraogo en 2e année de secrétariat bureautique de l’IBAM. 

Ambèternifa Crépin SOMDA (Stagiaire)/Le Pays



22/03/2011
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