L\'atmosphère à l\'Université de Ouagadougou

Fermeture des universités : Le calvaire des étudiants burkinabè

Suite aux manifestations d’étudiants le 11 mars 2011, consécutives à la mort de l’élève Justin Zongo dans des circonstances non encore élucidées, et après l’assemblée générale échouée de l’Association nationale des étudiants burkinabè (Aneb), le gouvernement burkinabè avait décidé, le 15 mars dernier, de la fermeture de toutes les universités publiques, la suspension des œuvres sociales, et par la même occasion, avait avancé la date des congés scolaires de Pâques sur toute l’étendue du territoire burkinabè. Depuis lors, la vie de bon nombre d’étudiants qui n’était pas déjà simple, est devenue un vrai calvaire.

Le jeudi 17 mars 2011, l’Université de Ouagadougou (UO) est de nouveau accessible. Les entrées du temple du savoir étaient tenues par les forces de l’ordre en empêchaient l’accès aux étudiants. Cependant, contrairement aux autres jours, c’est un calme inhabituel qui règne : le campus, les amphithéâtres et les restaurants universitaires sont complètement vides. Même constat dans les cités universitaires de Kossodo, de Dassasgho et de la Patte d’oie, à Ouagadougou.

Au sein de l’UO se trouvent de rares étudiants venus, certains pour prendre connaissance des résultats de la dernière session de l’année universitaire écoulée (2009-2010), d’autres pour faire des travaux de groupe, dans la perspective d’une reprise des cours qu’ils espèrent pour très bientôt. La gendarmerie quant à elle, est toujours présente et veille au grain. Dans l’un de leurs véhicules d’intervention, quelques uns de ses éléments étaient postés sur le terrain dit Dabo Boukary de l’UO qui sert souvent de lieu de rassemblement aux étudiants. Kévin Simporé est étudiant en Droit et photographe sur le campus à ses heures perdues. Comme les autres habitants des cités de Kossodo, il a été déguerpi manu militari au soir du 15 mars 2011. « A la cité de Kossodo, on nous a demandé de quitter les lieux. Mes camarades et moi sommes partis sans broncher, d’autres ont voulu résister, mais à l’heure qu’il est, ils sont tous dans la rue », a-t-il révélé. La même scène se serait produite à la cité des filles de Dassasgho, à en croire cette étudiante en Unité de formation et de recherche en sciences de la vie et de la terre (UFR/SVT) : « La note qui nous demandait de quitter les lieux a été affichée dans l’après-midi du 15 mars. Nombre d’entre nous avaient commencé à faire leurs bagages. En revanche, celles qui ne savaient pas où aller sont restées, et c’est aux environs de 3h du matin que des gendarmes sont venus les vider. » Suite à ces expulsions, plusieurs étudiants vivent dans des conditions très précaires. Ne sachant pas où aller, ils partagent, parfois à plusieurs des maisons une pièce, communément appelées « entrée-couchée ». Comme à l’accoutumée, des opportunistes ont fait leur apparition. Un habitant du quartier Dassasgho témoigne : « Mon voisin a hébergé une étudiante chez lui, pensant pouvoir profiter de la situation ». Bien évidemment ce « bon samaritain » n’entend pas offrir ses services gratuitement.

La situation est du reste très préoccupante pour les étudiants. Déjà que l’ensemble des universités publiques connaissent un énorme retard difficile à rattraper, voilà qu’une nouvelle année académique commence avec des troubles. Il devient donc impératif, pour sauver ce qui peut l’être encore, que les différents acteurs de cette crise engagent une discussion franche. Ainsi, les étudiants pourraient, incessamment, regagner les amphithéâtres et bénéficier des services sociaux pour une année académique sereine et une paix sociale au Burkina Faso.

Nina Yougbaré (stagiaire)/Fasozine



21/03/2011
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